Re: Démontage filtre pour changement sable
Usure du sable d’un filtre à sable de piscine, sable « usé ».
Le sable du filtre à sable a une granulométrie fine, en comparaison de celle du gravier dans lequel les crépines du filtre sont noyées. Fine, cela veut dire entre 0,4 et 0,8 et jusqu’à 1,6 mm. La couche de sable est réputée retenir des impuretés dont la taille est dix fois moindre de celle des petits grains de sable, c’est-à-dire 0,04 mm ou encore 40 microns.
Ces impuretés sont retenues parce que les grains de sable s’emboitent les uns dans les autres et retiennent immédiatement des impuretés qui viennent progressivement colmater les lignes d’eau à travers le filtre et finalement retenir « tout ce qui essaie de passer ». Les impuretés sont retenues à cause de l’emboitement des grains de sable, de la friction de la surface des grains qui, à la manière du papier de verre retiennent les impuretés (ou les laissent glisser) et en raison de l’accumulation des impuretés, jusqu’au contre-lavage qui va normalement les libérer et restituer un sable vierge.
Qu’entend-on par « usure du sable du filtre à sable.
1) Il peut s’agir de l’usure des grains de sable, telle qu’elle transformerait chaque grain aux arêtes acérées (des mini-pyramides) en des galets arrondis, et chaque face de chaque grain perdrait ses qualités abrasives pour devenir lisse et laisser passer les impuretés. Notons que jamais aucune garantie n’est donnée par les distributeurs de sable pour filtre à sable sur les qualités géométriques ni abrasives des grains. Par ailleurs, si usure il y a, la finesse des grains peut alors augmenter, et de 0,4mm pour les plus petits, on peut passer à 0,35 mm ce qui signifierait une augmentation de la qualité de la filtration puisqu’on retiendrait plus d’impuretés, ceci pouvant éventuellement être contrebalancé par la perte de la forme « à facette » et la forme « galet » des grains de sable usés qui alors, malgré leur emboitement, retiendraient moins les impuretés. Je n’ai pas trouvé d’analyse microscopique ni de tests sur sable à grain usé ou non, mais l’absence de spécifications sur la forme des grains et leur état de surface chez les fabricants et distributeurs, la grande variété de sable commercialisés, et le fait que tout sable naturel est à la base « usé » m’amènent à considérer l’usure des grains de sable comme non décisive dans l’efficacité du filtre à sable, et donc, que cette usure n’est pas un critère pour le remplacement du sable.
2) Il peut s’agir de l’effet du calcaire qui agrège les grains de sable, tout d’abord en petits paquets puis en grosses concrétions, dont la situation extrême est la formation d’un bloc entier à l’intérieur du filtre, l’eau ne passant plus que le long des tuyaux et parois du filtre pour retourner à la piscine. Dans ce cas, on comprend que toute agglomération diminue la capacité filtrante du filtre. Si tous les grains de sable se regroupent par groupe de 10 grains de sable, la capacité du filtre est divisée par 10, alors que l’on trouve dans le filtre des « gravillons » formés naturellement qui ont 2 ou 3 mm de diamètre. Dans le cas extrême ou l’ensemble du sable s’est agrégé avec du calcaire, la capacité filtrant est nulle, il faut au choix casser ce bloc pour l’extraire et le remplacer par du sable fluide, ou changer le filtre. La calcification du sable se fait en raison de celle de l’eau. Si l’eau n’est pas calcaire, le sable ne se calcifie pas.
3) Il peut s’agir de contamination organique. Le sable pouvant parfois avoir une certaine porosité, ou dans le cas où la surface abrasive des grains se comporte en « aimant » pour les impuretés organiques, les grains peuvent se charger et noircir ou verdir. Il faudra soit laver ce sable noir-vert parfois odorant énergiquement à l’acide (hivernage, mise en route), soit le remplacer par du sable neuf. Par ailleurs, si les contre-lavages de filtre sont trop peu fréquents, il est possible que des matières organiques s’agglutinent et cristallisent dans le filtre, formant « leur sable à elles » qui ne s’évacue plus, même lors de contre-lavages énergiques.
On voit donc que, contrairement à ce qu’on lit partout, « l’usure » du sable n’est pas un terme approprié. Comme toutes les matières subissant un flux hydraulique ou des chocs, le sable s’use, bien sûr, et cette usure se manifeste par la réduction de la taille des grains et la libération de poussières de silice qui sont évacuées lors de contre-lavages. Cette usure-là n’est probablement pas gênante, si ce n’est qu’il vaut mieux contrôler le niveau de sable de temps à autre et faire une mise à niveau avec du sable neuf pour rester dans les normes du fabricant de filtre. Ce que les pisciniers et piscinistes entendent abusivement par « usure du sable » ne regroupe que la calcification et la contamination organique. Ces deux phénomènes se combattent par un traitement à l’acide.
Ainsi, si vous observez que votre sable a toujours sa couleur d’origine (clair, gris, beige, jaune), qu'il est homogène, fluide, sans amas calcaires ni traces de contamination organique, cela signifie très certainement qu’il est parfait et ne demande pas à être remplacé, même s’il a dix ou quinze ans.