Re: Algicide ou traitement choc
Certaines variétés d'algues sont plus résistantes au chlore que d'autres, je pense ici aux algues noires (phormidium) par exemple, qui demandent une très forte dose en chlore (et un travail mécanique) pour les éliminer. L'algue moutarde demande aussi une bonne dose de chlore, et dans la famille des algues vertes il existe des variétés (chlorococcum) qui sont davantage résistantes que d'autres (chlorella par exemple).
Plusieurs "options" sont offertes pour prévenir ou enrayer l'apparition d'algues et l'industrie de l'eau récréative en fait ses choux gras. En premier lieu, il faut savoir qu'une concentration suffisante de désinfectant résiduel va empêcher tout développement d'algues. Mais attention, ce désinfectant résiduel est souvent handicapé par un taux de stabilisant trop élevé, avec comme résultat l'apparition d'algues même en présence d'un résiduel. Il faut donc s'assurer d'obtenir le même pouvoir désinfectant dans une eau avec une forte teneur en stabilisant qu'avec une eau pauvre en stabilisant. Autrement dit nous devons ajuster le niveau de désinfectant en fonction de la teneur en stabilisant. C'est l'option que je préfère, soit de maintenir en tout temps un niveau de désinfectant adéquat. Il est plus facile d'atteindre ce but avec l'application ponctuelle de stabilisant et l'usage d'un chlore non stabilisé. Finalement une mesure précise et régulière des taux de chlore libre et combiné permet de déterminer la demande en désinfectant du bassin et donc de doser précisément celui-ci afin d'éviter tout début d'algues. Pour répondre à la question donc, pour moi donc c'est ni (1) ni (2) et ni (3). Et jamais d'algues.
Mais ce n'est pas toujours facile ou pratique pour le consommateur hyper-occupé de s'en tenir à un tel régime. Alors on nous propose ces petits sacs de "chlore-choc" que l'on verse dans l'eau à toutes les semaines. C'est un peu la méthode "bombe atomique": c'est certain qu'une telle dose va tout remettre en ordre, un peu comme éteindre et rallumer l'ordinateur.
On nous propose aussi les algicides, et là il y en a toute une variété: polymérique, à base de cuivre etc. Les notices suggèrent souvent une "dose préventive". Selon moi, ils ne sont qu'une assurance supplémentaire contre une chlorination inadéquate ou négligée. C'est un produit de plus ajouté à l'eau, qui peut certainement avoir des effets sur la chimie et sur l'eau (taches, mousse, teinte) et qui peut causer des effets secondaires indésirables et sournois tel une demande accrue et constante en chlore.
L'usage de tetraborate de sodium comme algicide est breveté et documenté, et en dose de 50 ppm il agit supposément sur la teneur en gaz carbonique de l'eau ce qui empêche l'apparition d'algues et, oh surprise, maintien le pH dans une fourchette très serrée. Je devrais plutôt dire qu'il "barre" le pH, chez moi 7,6 toute la saison malgré un TAC à 60 (cordonnier mal chaussé) et l'usage d'un chlore à pH 11,8.
Et que dire du segment de marché qui s'est développé autour du concept du cuivre et autres métaux. Toutes sortes de bidules et gadgets nous sont proposés: cartouches Nature-2 (cuivre/argent), les ionisateurs du type "chlorine-saver", les produits en poudre. Ils vont tous ajouter de façon différente des ions de cuivre dans l'eau, avec les risques attenants. Excellent algicide le cuivre, mais qui na pas sa place selon moi dans une piscine.
Finalement on voit un nouveau segment apparaître dans l'industrie, celui des phosphates. Yé. On dit qu'un taux de phosphates supérieur à 200-300 ppb (parties par milliard) provoquerait l'apparition d'algues et donc on nous propose différents produits pour les éliminer. C'est le nouveau bobo à la mode: l'apparition d'algues causée par un taux de phosphates trop élevé. Or ces mêmes compagnies nous offrent des produits séquestrants à base d'acide phosphonique, source première de phosphates. L'oeuf et la poule. Mais bon.
On ne fait pas pipi sur les galets.